Free a surpris son petit monde en proposant la première box multimédia 4K sous Android TV. Remplaçante de l’antique Freebox Crystal/HD, la Freebox Mini 4K est annoncée comme parée pour l’avenir avec une compatibilité 4K/UHD, le support du marché d’application de Google et une télécommande à reconnaissance vocale. Plus qu’une simple box multimédia, Free assure qu’il s’agit également d’une plateforme douée pour la lecture en streaming et le jeu. Regardons en détail si le FAI français a su dompter le système Google.
Un SoC pas tout jeune et une connectique minimaliste
Le boîtier est très compact (seulement 15 cm de large, 11 cm de profondeur et 3,4 cm d’épaisseur). Comme nous l’avons vu dans notre actualité La Freebox Mini 4K vue de l’intérieur, le boîtier est mû par un SoC d’origine Broadcom. Cette puce est loin d’être récente et particulièrement grande compte tenu de ses caractéristiques techniques. Elle renferme ainsi un simple CPU à deux cœurs (1,5 GHz) et un iGPU non défini mais peu véloce. Cette puce graphique intégrée assure néanmoins une compatibilité avec les vidéos 4K à 60 images par seconde.
Le reste de la configuration est assez classique, avec 2 Go de mémoire vive et 8 Go d’espace de stockage. Sur ces 8 Go, seuls 5 Go sont accessibles pour installer des applications et aucune option n’est donnée pour les installer sur une carte mémoire ou un périphérique USB.
La connectique est par ailleurs assez minimaliste : une sortie HDMI 2.0, une sortie optique et une entrée antenne. Dommage, Free n’a pas jugé bon d’ajouter une sortie antenne. Ceux qui souhaitent utiliser le signal TNT sur leur téléviseur et sur la box sont donc obligés de passer par un T ou un amplificateur à sorties multiples.
Pour lire du contenu multimédia, il est possible de relier un périphérique USB sur l’un des trois ports. Deux sont situés à l’arrière tandis que le dernier est en façade. Tous sont de type USB 2.0 (le SoC est pourtant compatible USB 3.0) et donc limités à un débit pratique d’environ 30 Mo/s. Ce n’est pas forcément un problème puisque cela autorise tout de même un débit vidéo/audio de 240 Mb/s, soit bien plus que ce que proposeront les films Ultra HD des Blu-ray 4K (128 Mb/s max.). Enfin, un lecteur de cartes SD est également présent en façade.
Réseau : les petites économies de Free
Côté réseau, deux choix sont donnés : filaire et sans-fil. En sans-fil, il s’agit d’une connexion Wi-Fi 802.11n et ce, même si la puce utilisée permettrait de fonctionner en “ac”. Relié à une Freebox Revolution placée à 1 mètre, le boîtier Mini disposait d’une connexion à 130 Mb/s en transmission et à 144,4 Mb/s en réception. Cela est suffisant pour regarder des vidéos en streaming mais le passage en “ac” — sans doute un verrouillage logiciel — permettrait d’augmenter la portée et la qualité du signal.
Pour une connexion optimale, il est préférable de passer par une liaison filaire. Là, il s’agit d’une simple prise Fast Ethernet à 100 Mb/s et ce, quand bien même le SoC intègre la gestion du Gigabit Ethernet. Encore une fois, ces petites économies faites par Free ne devraient pas être limitatives en termes d’usage compte tenu des débits vidéo actuels et à venir.
Réglages audio et vidéo : proche du néant
Au démarrage, le système repère automatiquement la nature du téléviseur connecté. Le signal transmis à notre TV Samsung UE55HU7200 est bien un signal UHD à 60 Hz, tandis qu’un essai sur un TV FHD a bien donné lieu à une transmission en 1080p. En revanche, un essai sur un moniteur WUXGA (1920×1200 px) a été infructueux (signal VGA 640x480p). Et malheureusement, aucune option ne permet de forcer la nature du signal à transmettre.
Du côté de l’audio, on trouve un peu plus de liberté puisqu’il est possible de choisir entre un envoi en pass-through via les sorties HDMI et optique ou un décodage stéréo classique. Reste que l’envoi à un ampli externe se fait irrémédiablement en PCM… stéréo. En clair, pour l’heure, nous n’avons pas réussi à obtenir un signal surround, quel que soit le réglage ou la sortie audio.
L’interface : Android TV avec une couche Free TV
L’interface Android TV n’a pas vraiment été retouchée par Free. On se trouve ainsi face à une organisation par tuiles réparties en plusieurs sections. La première section propose une suggestion de vidéos qui évolue en fonction du contenu regardé par l’utilisateur. La source des vidéos peut très bien être la télévision — le système conseille alors un programme — la vidéo à la demande ou encore YouTube pour peu qu’un compte Google soit rattaché à l’appareil (non obligatoire). Face à cette liste de suggestions, on ne peut alors que s’étonner de l’absence de gestion de plusieurs utilisateurs. Il aurait été plus opportun de pouvoir en créer un pour les parents et un autre pour les enfants d’un foyer par exemple.
Vient ensuite une section dédiée à l’univers Free. On y trouve une tuile d’accès à la télévision, aux services de replay, de VOD etc. Un explorateur de fichiers est également proposé et permet de lire les fichiers présents sur les partages réseau, sur l’espace de stockage interne ou sur les périphériques USB. Cet explorateur fonctionne malheureusement selon une méthode d’indexation. Si un fichier est jugé comme illisible par le système, il ne sera pas affiché. Dommage, car certains fichiers masqués peuvent bien être lus par une application tierce… Cela rend également difficile la navigation puisqu’il est nécessaire de choisir le type de fichiers que l’on souhaite afficher (musique, vidéos ou photos). Un dossier comportant des photos et vidéos de vacances devra donc être consulté en deux temps.
Vient ensuite la zone dédiée aux applications Android TV, une section qui s’avère assez décevante. Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que toutes les applications Android ne sont pas compatibles avec Android TV. Le catalogue est ainsi assez peu fourni et, qui plus est, bridé sur la Freebox Mini 4K ! On note de grandes absences et notamment celle de Netflix, pourtant disponible en version Android TV.
Deux astuces permettent d’installer des applications qui n’apparaissent pas. La première consiste, depuis un ordinateur, à lancer l’installation à distance depuis le site Web du Google Play Store. Certaines applications, Netflix en tête, s’afficheront néanmoins comme incompatibles.
Vient alors l’option B, qui consiste à installer manuellement le programme. Cette méthode est également valable pour les applications non disponibles sur le Google Play Store, comme Kodi (XBMC). Pour y parvenir, il faut récupérer le fichier d’installation du programme (APK), le copier sur une clé USB et l’installer depuis un explorateur de fichiers alternatif. Nous avons publié un tutoriel pour expliquer la manipulation : Tutoriel : Freebox Mini 4K, installer manuellement une application.
L’installation et le lancement de la version Android TV de Netflix se solde malheureusement par un écran noir. En revanche, la version smartphone et tablette se lance à peu près correctement mais nécessite l’utilisation d’un clavier et d’une souris sans fil (via connexion USB). Mais là encore tout n’est pas rose puisque la qualité ne sera pas au rendez-vous. Impossible par exemple d’afficher les vidéos en 4K/UHD et on se contentera d’une définition SD. Un comble pour la Freebox Mini 4K qui se passe donc du seul moyen actuel de regarder du contenu 4K.
Contrôle vocal : bonne idée, mauvaise intégration
Pour contrôler la box, Free fournit une télécommande Bluetooth. Le logiciel interne peut être mis à jour, ce qui a déjà été le cas depuis le lancement de la box. Cette première mise à jour a notamment corrigé un problème de déconnexions intempestives.
Mais la particularité de cette télécommande est d’intégrer un micro. Un bouton dédié permet ainsi de lancer une recherche Google pour favoriser l’accès aux différents catalogues de VOD et SVOD. L’idée est plutôt bonne puisqu’on peut ainsi demander de regarder un film comique ou encore de regarder la dernière vidéo de son Youtuber préféré.
Malheureusement, la réalisation est mauvaise. Une fois le bouton pressé, il est nécessaire d’attendre une à deux secondes pour que la reconnaissance vocale s’active. Il faut ensuite attendre autant de temps pour que la recherche se lance. Bref, un laps de temps bien trop long pour que cette fonctionnalité soit utilisée quotidiennement. Un gadget que l’on utilise qu’une ou deux fois pour tester et qu’on oublie ensuite, d’autant plus qu’il n’est pas possible d’interagir de manière poussée en demandant par exemple d’enregistrer le programme du soir d’une chaîne TV.
L’univers TV de Free
L’univers TV de Free permet d’afficher les chaînes du bouquet Free ou celles captées par une antenne TNT. La réalisation est plutôt bien faite, avec une intégration poussée du guide des programmes, le tout agrémenté d’une fluidité très appréciable, tant pour la navigation que pour le changement de chaîne. Afficher la liste des chaînes permet de voir en un clin d’œil quels sont les programmes en cours ainsi que ceux à venir. On peut également enclencher simplement un enregistrement sans pour autant lancer le guide des programmes complet.
Nous apprécions également la possibilité de choisir la qualité de la vidéo et ce, pour chaque chaîne. On peut ainsi privilégier la captation HD de l’antenne pour les chaînes HD de la TNT et la captation HD ADSL/VDSL/Fibre pour chaînes diffusées en SD sur la TNT. Sur les connexions dont le débit varie en dents de scie, cela permet également de jongler entre plusieurs niveaux : bas débit, SD et HD.
Pas une vraie compatibilité multimédia 4K ou HEVC
La compatibilité multimédia est surtout affaire de logiciel de lecture. Pour les vidéos, mieux vaut passer par VLC, que l’on peut installer facilement depuis le boîtier. Celui-ci est capable de lire des vidéos Full HD encodées en AVC (x264 / H.264) jusqu’à un débit maximal de 50 Mb/s. Les boîtiers multimédias haut de gamme arrivent à grimper à 90 Mb/s, mais cela reste plus que suffisant pour cette définition.
Lire des vidéos 4K encodées en HEVC (x265 / H.265) est plus hasardeux. La lecture de vidéos issues d’un Samsung NX1 (HEVC — 4K, 80 Mb/s en MP4) se traduit ainsi par des saccades monstrueuses. Après plusieurs essais de réencodage, nous sommes arrivés au constat que le débit maximal tenable est de 40 Mb/s environ pour une vidéo 4K encodée en HEVC (ou x265). Et ce, qu’elle soit encapsulée dans un fichier MKV ou MP4. Pour les vidéos 4K encodées en AVC classique (H.264/x264) c’est encore pire puisque la lecture est impossible, que ce soit avec le lecteur Free ou VLC. Pour cet essai, nous avons utilisé une vidéo tournée avec Samsung Galaxy S6 Edge.
Ceux qui disposent d’une bibliothèque numérique de films et séries (stockées uniquement en réseau) peuvent se tourner vers des applications comme Kodi (à installer manuellement), Archos Media Player (à installer depuis un PC) ou encore Plex (à installer depuis le boîtier). Reste que si la réalisation peut s’avérer réussie avec la création d’un mur d’affiches, la lecture est assez hasardeuse sur le boîtier de Free. Selon l’utilitaire choisi, il est tout à fait possible de jongler avec les sous-titres et les pistes audio. En revanche, nous n’avons pas réussi à lire correctement des flux audio de type DTS HD MA.
Bien évidemment, le visionnage de photos est de la partie et s’avère très rapide depuis l’explorateur de fichiers de Free. Le seul regret vient du fait que le système ne tient pas compte de l’orientation de la photo. Celles prises en mode portrait doivent être tournées manuellement. Assez pénible à la longue.
Enfin, la lecture audio se passe sans encombre : MP3, FLAC et OGG passent sans problème. Les pochettes d’albums ne sont par contre pas affichées, qu’elles soient intégrées aux fichiers audio ou externes.
Une box qui jongle entre bugs et inepties
Si nous avons rapidement réceptionné la Freebox Mini 4K après son lancement, nous n’avons débuté nos tests que quelques semaines plus tard. En cause, une instabilité chronique, avec des plantages à répétition, des déconnexions intempestives de la télécommande et nous en passons.
Entre temps, Free a dégainé deux mises à jour qui ont corrigé la plupart des gros problèmes. Au moment d’écrire ces lignes, les plantages sont plutôt rares — mais toujours présents — et la télécommande se comporte désormais convenablement, même s’il lui faut parfois plusieurs secondes avant de se synchroniser au boîtier.
En revanche, certains bugs demeurent, comme l’impossibilité de mettre le boîtier en veille simple. Une option est bien présente pour que l’appui sur le bouton marche / arrêt provoque une simple mise en veille ou l’extinction complète, mais dans tous les cas, le boîtier s’éteint complètement. S’en suit alors un redémarrage assez long (1,5 min). Nous n’avons donc pas pu mesurer la consommation électrique en veille. Éteinte, la box consomme néanmoins moins d’un watt et ne dépasse pas 12 watts en lecture vidéo.
Restent quelques inepties, par exemple l’impossibilité de lire le contenu d’un périphérique USB formaté dans un autre format que le FAT32. Incidence directe : il n’est pas possible de lire une vidéo de plus de 2 Go via les ports USB.
Reste que le comble pour ce boîtier estampillé 4K est son incapacité à exploiter le contenu actuellement disponible. Le seul service de SVOD proposant de la 4K (à 30 Mb/s), Netflix, n’est pas proposé, tandis que la lecture de vidéos encodées en HEVC pose problème dès que leur débit est supérieur à 40 Mb/s. Problème : même les smartphones comme le HTC M9 enregistrent à plus de 40 Mb/s ! Bref, en attendant l’arrivée de véritable contenu 4K et, on l’espère, d’une optimisation du décodage vidéo, cette Freebox Mini 4K, n’a de 4K que le nom.